Envers et contre toute logique : les droits de douane

Il y a quelques temps, j'ai assisté à un séminaire à Londres passionnant où le thème des droits de douane a été longuement traité. C'est que ceux-ci constituent une curiosité. Les experts de l'économie attestent depuis des années que les droits de douane sont une tromperie et ont un effet boomerang, tant pour les citoyens que pour les entreprises. Pourtant, ils restent à l'oeuvre, envers et contre tout. Nous avons donc cherché à savoir pourquoi. Primo, un montant de douane qui s'attache à une marchandise le fait pour parrainer une industrie déterminée. Il est relativement commode aux industries et aux leaders d'un domaine de s'associer pour pratiquer des pressions politiques pesantes, étant donné qu'ils peuvent tous se mettre d'accord sur le fait que ce point est d'une importance vitale pour leur survie (même s'il s'agit là d'une vue à court terme). Toutefois à partir de l'instant où un droit de douane est grevé, son coût, qui se manifeste par une hausse du coût des produits, est essuyé par un groupe de personnes beaucoup plus important : les consommateurs, qui ont évidemment plus de mal à se concerter aussi efficacement pour faire entendre leur voix. Ce qui explique que les hommes politiques sont presque toujours plus à l'écoute des lobbies, minutieusement organisés et qui élèvent la voix, qu'à l'écoute de la population. Le fait est d'autant plus vrai si ces lobbies sont concentrés dans une commune où leur vote peut avoir du poids sur les prochaines élections. Cette aide de l'État pourrait cependant prendre la forme de subventions. Pourquoi donc endosse-t-elle presque systématiquement la forme de droits de douane ? Cela est dû d'abord à ce que si l'industrie automobile en France peine à supporter les importations japonaises, il apparaît plus facile de proposer une action qui heurtera d'entrée la concurrence. Autrement, l'administration devrait employer les impôts pour s'acquitter des subventions, quitte à s'attirer les foudres de la population. Un droit de douane, en revanche est dans bien des cas plus facile à établir politiquement: il semble toucher les producteurs étrangers et il semble consolider les recettes de l'État. Une subvention paraît a contrario compacter les recettes de l'État. Bien qu'il soit évident qu'un tarif douanier touche les consommateurs (en rehaussant le prix local du bien concerné), l'État préfère appliquer les droits de douane car ceux-ci sont une source moindre d'embarras politique. Le fait qu'ils soient préjudiciables aux entreprises protégées (en leur apprenant à ne pas être compétitives, à être protégées de la mondialisation) importe peu : les droits de douane sont avant tout une solution pratique et à court terme. Pur en savoir plus, allez sur le site de l’organisateur de ce séminaire à Londres, vous y trouverez les prochaines dates de conférences.