La prospérité par l'urbanité

Le mois dernier, la Brookings Institution a publié Restoring Prosperity: The State Role in Revitalizing America's Older Industrial Cities. » L'étude a examiné 302 villes américaines sur huit indicateurs de la santé économique et du bien-être résidentiel, et a trouvé Bridgeport, Hartford et New Haven parmi 65 villes sous-performantes par rapport à leurs pairs à l'échelle nationale. La plupart de ces villes - et leurs régions - ont encore du mal à réussir la transition d'une économie basée sur la fabrication de routine à une économie basée sur des activités davantage axées sur le savoir.
Mais le rapport insiste sur le fait que le moment est venu pour la relance de ces économies urbaines. Malgré tous leurs défis, les tendances démographiques - un nombre croissant d'immigrants, une population vieillissante, des jeunes retardant le mariage et moins d'enfants - ont une profonde influence sur la façon et l'endroit où les gens choisissent de vivre, au profit de nombreuses zones urbaines. Dans le même temps, la mondialisation, les avancées technologiques et les préoccupations croissantes concernant le changement climatique provoquent une appréciation renouvelée de la densité et de la diversité qui distinguent les noyaux plus âgés de la frange suburbaine en expansion.
De bonnes choses se produisent déjà: par exemple, le projet Hartford 21 dans le centre-ville de cette ville, le développement Urban Green Builders à Bridgeport et la montée en puissance de l'activité économique que Yale a contribué à stimuler dans la région de New Haven. Mais dans l'ensemble, ces villes restent assaillies par des pertes d'emplois et d'entreprises, de faibles revenus, un chômage élevé et de fortes concentrations de pauvreté.
Hartford et ses homologues ont la possibilité de tirer parti de leurs actifs et de s'appuyer sur des tendances positives, mais ils ne peuvent pas faire cavalier seul: pour véritablement catalyser la revitalisation de la ville, l'État doit s'engager, sur plusieurs fronts.
L'État a déjà pris des mesures positives pour redynamiser ses noyaux urbains. En 2006, il a créé un Bureau de réhabilitation et de développement des friches industrielles afin de fournir une ressource centralisée pour le financement et l'information des friches industrielles. Il travaille à renforcer les corridors ferroviaires cruciaux pour augmenter la capacité et réduire les retards de service causés par le vieillissement de l'infrastructure ferroviaire. Et avec l'une des lois sur le salaire minimum les plus strictes du pays, elle contribue à développer la classe moyenne dans les villes et ailleurs.
Il est temps de s'appuyer sur ces efforts et de contribuer à créer les villes innovantes et compétitives dont le Connecticut a besoin pour garantir à tous ses habitants les choix et les opportunités nécessaires pour prospérer. Notre rapport énonce un manuel sur la façon dont les États peuvent aider les villes à réparer les bases (par exemple, la sécurité publique et les écoles), à s'appuyer sur leurs atouts économiques et physiques et à créer des quartiers et des familles solides. Voici trois idées spécifiques que les dirigeants du Connecticut devraient envisager à court terme:
Premièrement, l'État devrait élaborer une stratégie pour mieux cibler ses ressources qui façonnent le marché (infrastructures, développement économique) vers les centres commerciaux existants - les villes et villages établis ont encore du mal à trouver leur chemin dans une économie qui, depuis des années, les rend obsolètes.
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Une concentration plus stratégique des ressources existantes contribuerait grandement à favoriser l'investissement privé et le développement dans ces communautés, tout en contribuant à freiner l'étalement et à préserver les zones rurales.
Imaginez, par exemple, les impacts économiques, fiscaux et psychologiques de la revitalisation des noyaux du centre-ville du Connecticut, de sorte qu'ils sont devenus le foyer de 2% des résidents de leurs régions métropolitaines respectives. Cela équivaut à environ 23000 habitants au centre-ville de Hartford, près de 16500 au centre-ville de New Haven et près de 18000 au centre-ville de Bridgeport - des chiffres qui apporteraient la vie, la vitalité et un cycle vertueux de croissance à ces importants carrefours métropolitains.
Deuxièmement, le Connecticut doit fournir un nouveau flux de financement dédié spécifiquement aux activités de réaménagement dans les cœurs commerciaux en difficulté.
À cette fin, l'État devrait créer un fonds de réinvestissement régional - calqué sur un fonds similaire proposé pour les comtés du nord-est de l'Ohio - qui serait utilisé pour investir dans l'assemblage des terres et l'amélioration des infrastructures dans les zones urbaines. Ce fonds à faible risque serait capitalisé par une obligation fiscale garantie par l'État, qui serait remboursée par une taxe de mutation immobilière sur les nouveaux terrains acquis avec l'argent du fonds. Il fonctionnerait alors à perpétuité, les municipalités percevant la moitié des recettes fiscales foncières générées par le nouveau développement qui en résulterait, et réinvestissant l'autre moitié dans le fonds afin qu'il puisse continuer à être utilisé pour de nouveaux projets.
Enfin, l'État devrait mettre en œuvre les recommandations de la Task Force on Brownfields Strategies, qui appelle à un nouvel ensemble de programmes dédiés au nettoyage et au développement des sites contaminés, dont la plupart se trouvent dans les villes de l'État. Inspiré en grande partie de programmes similaires dans l'Ohio, la Pennsylvanie et le Massachusetts, cet effort fournirait des outils de financement plus flexibles - y compris des prêts, des subventions et des incitations fiscales - pour remettre les propriétés dégradées en usage productif et aider à stimuler de nouveaux investissements dans leurs quartiers urbains environnants.
Pour la première fois depuis plusieurs décennies, il y a lieu d'être optimiste quant à l'avenir des anciennes villes industrielles du Connecticut. Pour aller au-delà de l'espoir, cependant, il faut avoir une vision du possible et la volonté de le réaliser. Le Connecticut est-il à la hauteur?